jeudi 20 juin 2013

13 | Ô capitaine, mon capitaine...

Rangiroa, le 20 juin 2013

Je suis arrivée hier sur ce bel atoll des Tuamotu, le plus grand de Polynésie française et le deuxième plus grand au Monde. Il est bien connu des plongeurs, car les fonds de ses deux passes (entre le lagon et l'Océan Pacifique) sont exceptionnels
Je passe ici quelques jours en compagnie de mon amie Lydie Vallet, journaliste à La dépêche de Tahiti, et de sa grande et adorable famille


L'après-midi, Lydie, sa jeune tante et moi-même partons pour le lagon vert et le motu sur lequel se trouve, à ce jour, l'unique vigne de Polynésie française
L'idée ? Traverser le motu à vélo, pour faire un peu de sport (quelques kilomètres tout de même...) et surtout arriver sur la vigne avec les cocotiers et la mer en toile de fond...

On traverse la passe d'Avatoru en "pirogue alu" avec un gentil piroguier. Comme ces hommes connaissent bien leurs vagues ! Ils les suivent de telle sorte qu'on dirait que la passe est d'huile, ce qui est loin d'être le cas, croyez-moi ! J'avais déjà eu cette impression lors de nos balades d'hier... 


Nous débarquons sur le ponton de la pension de celui que l'on appelle "le capitaine" (Chez Punua & Moana), un oncle de mon amie bien sûr... ;)
Punua Tanaehu, descendant de la reine Pomare, fut aussi le capitaine de la pirogue traditionnelle à voile qui rejoignit pour la première fois Singapour depuis Tahiti (O Tahiti Nui Freedom, en 2010). Il s'agit d'un homme très connu et très respecté
Il a également créé depuis quelques années l'association culturelle Haveke Teretere qui, entre autres activités, forme bénévolement les enfants de 12 tribus à la navigation traditionnelle pour préserver la culture locale

Je loue un vélo (Lydie et "tatie" ont le leur) et nous voilà parties pour 5 kilomètres, "ça u-seuuuu, ça u-seuuuuu" ♫  La piste est caillouteuse. Nous croisons des familles - des cousins bien sûr - qui sont là pour quelques jours pour faire du coprah, une activité assez lucrative d'après Lydie. La Loi polynésienne permet en effet à la population locale de ramasser les noix de coco sur les domaines communaux, ce qui est le cas de ce motu


La vigne est très bien entretenue par l'équipe du domaine Dominique Auroy. Nous rencontrons le chef d'équipe (Jacqueline), qui nous fait faire le tour du propriétaire. Deux récoltes par an, de nombreuses difficultés rencontrées en 10 ans - comme par exemple des crabes comme prédateur, un terrain très pauvre qu'il a fallu enrichir et les nombreux arrosages du fait du climat - une démarche de certification bio en cours : j'apprends plein de choses

Malheureusement, un nuage ("venu de nulle part" et qui repartira d'ailleurs comme par enchantement dès que nous aurons quitté les lieux) nous masque un peu la lumière. Peu importe, le moment est délicieux : assises dans l'herbe, nous profitons de cette belle vue et de l'étrangeté de ce paysage en ce lieu tropical


Le retour à vélo me paraît plus long que l'aller... Tiens tiens, comme c'est bizarre : en aurais-je déjà "plein les bottes" ? ;)
Nous empilons comme nous le pouvons les deux vélos dans une "pirogue alu" et repartons aussitôt. Cette fois, c'est "le capitaine" qui nous conduit à bon port. Je le rencontre pour la première fois : une stature imposante, torse-nu vêtu d'un habit traditionnel, avec un magnifique pendentif et d'impressionnants tatouages, une barbe longue et blanche, les cheveux longs attachés avec un catogan, le visage buriné par le soleil. Il ne décrochera pas un sourire ni un mot d'ailleurs, pendant toute la traversée. Il paraît plus grand qu'il est réellement. Il m'impressionne beaucoup

La technique de navigation est bien plus brusque que celles testées précédemment et du coup plus rapide. On sent bien que cet homme a passé sa vie en mer et sûrement sur des mers bien plus dangereuses que cette passe...
A l'arrivée, je comprends juste qu'il refuse que je lui paye la course. J'en suis très gênée et insiste plusieurs fois, sans succès. Il repart aussitôt nos affaires débarquées en me faisant un signe de la main


Je parle de ma gêne à Lydie, qui me suggère une excellente idée : celle de faire un don à son association (ce que je fis bien sûr)
Bonne action et bonne conscience, la journée s'acheva sereinement, sur cet atoll paradisiaque, entourée d'amis, dégustant le vin de cette vigne !

Ce sont des journées comme cela qui font les meilleurs instants du voyage. C'est pour cela qu'on voyage...
A bientôt, chers amis de Polynésie française... Merci encore pour cet accueil formidable !


4 commentaires:

  1. Ah Rangiroa ! Ce nom me rappelle brusquement ma jeunesse d'une drôle de façon. Je n'y ai jamais été mais j'ai lu ce nom pour la première fois quand j'étais gamin, dans des bandes dessinées des chevaliers du ciel "Destination Pacifique" et "Menaces sur Mururoa" (1969)
    Ce doit être un bien bel endroit
    A bientôt

    Patrick

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  2. Une belle histoire , un beau moment, .. quel tour du monde , !!!!! Lucie , .. ;-)

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    1. Oh oui, quelle belle journée ! <3 (Presque) tous les jours comme ça... :) Il me faudrait un temps fou pour raconter tout ce que j'ai vu et ressenti pendant cette année... ;) Le Monde est merveilleux <3 <3 <3

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